Linda Baki (Courir) : « Notre enjeu est de tenter de réconcilier mode et recyclage »
Courir, marque de sneakers lifestyle, multiplie les collaborations avec d'autres marques de mode pour asseoir son positionnement auprès d'une cible féminine. Engagée depuis 2023 dans un programme RSE exigeant, l'enseigne qui appartient au groupe JD Sports Fashion, se répand sur les réseaux sociaux pour continuer à séduire la Gen Z. Le point avec la responsable Marketing et Marque de Courir.

Votre actualité est liée à cette nouvelle collaboration avec Aigle et le lancement d'une nouvelle paire de running « Euro Trainer » écologique. Quel est ce projet ?
Cette collaboration avec Aigle (après celle engagée avec Kappa) rentre dans le cadre de notre stratégie « Recycle your ex-sneakers ». La basket, par sa conception même, représente un défi majeur en matière de recyclage. Consciente de cette problématique, Courir s'est engagée depuis deux ans dans un projet ambitieux dont l'objectif est de redonner vie aux paires usagées collectées en magasin. Courir s'est associé à l'usine Plymouth, caoutchoutier français, pour proposer une solution pérenne. L'objectif ultime de ce projet est d'établir un modèle d'économie circulaire à boucle fermée sur le territoire français. Une deuxième collaboration avec Aigle est prévue sur des chaussures avec une gamme textile qui ne sera pas forcément issue du recyclage, mais c'est simplement pour compléter un look et pour donner envie à nos consommateurs de porter la paire. Notre enjeu est de tenter de réconcilier mode et recyclage. Les marques qui s'associent à Courir, saisissent l'opportunité de toucher une cible hyperlarge. Pour Aigle, de rajeunir la sienne.
Concrètement comment opérez-vous ?
La première étape, essentielle, pour inverser la tendance et relever le défi du recyclage repose sur la collecte des sneakers usagées. Un nouveau rôle que Courir assume depuis janvier 2023 en mettant en place progressivement des points de collecte au sein de son réseau de magasins. La marque permet aujourd'hui à tous de venir déposer tout type de sneakers, achetées ou non chez Courir. Ce service est disponible dans une quinzaine de magasins à ce jour, l'objectif étant d'étendre cette collecte à l'ensemble des 280 points de vente en France courant 2025.
Quelle est la stratégie globale RSE de la marque ?
Toutes les initiatives portées par Courir, vise à essayer humblement de changer un peu le monde. C'est le cas quand on s'associe à « Octobre rose » depuis quatre ans ("Un lacet rose pour la cause"), ou à « Plastic Odyssey ». Nous avons conscience que notre industrie est imparfaite. Et on essaye de minimiser un peu les choses en essayant de donner du sens à nos métiers. La RSE aujourd'hui, ce n'est même plus une option, c'est une obligation. On est attendu sur ce sujet mais nous devons accompagner notre cible, très jeune, à développer sa conscience écologique. Nous avons envie d'être précurseurs et essayer de les y amener. Donc, il y a ça, il y a cette volonté-là. Et puis, pour les marques, bien évidemment, s'associer à courir, c'est aussi l'occasion de toucher une cible hyperlarge.
Quelle est-elle votre cible et votre positionnement aujourd'hui ?
C'est la fameuse Gen Z, les 18-25 ans. Face à nos concurrents comme Foot Locker, nous sommes moins dépendants des mastodontes, comme Nike ou Adidas. Courir propose un panel plus large de marques, notamment françaises, axées lifestyle, mode. L'originalité de la marque face à la concurrence, c'est de se positionner sur la femme. Notre cible est à parité parfaite, ce qui n'est pas le cas sur ce marché. Nous avons tout intérêt à cibler la femme, prescriptrice des achats. Notre axe de différenciation repose sur les collaborations exclusives. Par le passé, nous avons travaillé avec Balmain (La petite robe noire) ou Swarovski. Notre offre produit est dédiée à une clientèle féminine. Nous avons des produits uniques que nous sommes les seuls à vendre. C'est associé à un parti pris fort à travers nos contenus autour du style et des références à Paris, capitale de la mode. Courir a créé son propre média, « Sneaker Spirit » (250 000 followers sur son compte Instagram), ce qui permet d'asseoir la marque sur ce positionnement-là. Enfin, la marque, connue par 78 % des Français, est perçue comme innovante, moderne.
Quels sont vos canaux de recrutement ?
Le point de vente reste le premier point de contact aujourd'hui avec la marque. Les 350 magasins dans le monde sont les plus gros collecteurs de nouveaux clients. Et en complément, le digital, qui représente 20 % de nos ventes, est un levier très fort. L'Europe est un axe important de déploiement en Espagne, au Portugal, aux Pays Bas et aussi en Italie où nous venons d'ouvrir 2 boutiques et une dizaine est programmée d'ici fin 2025.
Quelle est votre audience sur les réseaux sociaux ?
Nous avons un million de followers sur Instagram et TikTok est en train de prendre le relais avec un million de comptes. Notre logique, c'est d'être ultra local. Donc, quand on ouvre un magasin en Italie, vous avez son équivalent sur Instagram. On n'est pas sur une logique consolidée. Il y a autant de comptes Instagram que de pays où nous sommes implantés. En consolidant tous les pays, la marque cumule 2,6 millions de followers, tous réseaux sociaux confondus.
Encadré
Courir, fondée en 1980, est l'enseigne de référence des baskets en France, leader sur ce marché depuis 2016. Courir qui appartient au groupe JD Sports Fashion a réalisé 908 millions d'euros de C.A. en 2024 dans le monde dans 21 pays, dont 800 millions d'euros en Europe et 664 millions d'euros en France (+10%). L'enseigne compte 3300 collaborateurs et travaille avec 32 marques partenaires.
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